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Ray Caesar

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SABINE MORANDINI : Pourquoi tous vos personnages ont ces visages d’enfants ?

RAY CAESAR : Les poupées!! J'ai grandi en jouant constamment avec les poupées de mes sœurs. J'enlevais la tête et les bras et les mettais sur d'autres corps. Je les disposais en constructions élaborées et j'adorais admirer le résultat. J'ai commencé à dessiner et à peindre très jeune. Quand je regarde les différentes étapes de l'évolution de mes créations artistiques, je vois des poupées et des scènes de poupées partout. Ce qui est bizarre c'est qu'aucun de mes amis ne ce soit jamais moqué de moi! Peut être savaient-ils que je les battrait à plate couture. A part l'art ma plus grande influence est d'avoir travaillé à l'hôpital des enfants malades. C'est la seule raison pour laquelle je crée de l'art, parce que sans ces enfants je n'aurais pas besoin d'artistes pour m'influencer.

SM : L’œuvre de John Willis vous a t-elle inspiré ? Et Lewis Carroll ?
RC : Tout m'inspire mais surtout les peintres historiques comme Jean Honoré Fragonard ou Wattau et Boucher, John Singer Sargent ou E.C Tarbell, Mary Cassat, Diane Arbus, Joseph Cornell, Christian Dior, Cecil Beaton… la liste est longue.. Je cherche l'inspiration partout, dans le passé et dans ma propre vie, dans les recoins de ma mémoire poussiéreuse, dans les choses que nous perdons et celles qui viennent chaque jour qui se déroule devant nous. Nous vivons une époque très inspirante et c'est un très bon moment pour être un artiste. Je prends un peu du passé et le mélange avec le présent et le futur. Un peu du monde des rêves et un peu du monde réel, j'aime penser que je mélange un peu avec le monde futur. Je pense que chacun de nous fais le paradis ou l'enfer sur cette terre et les matériaux que nous utilisons sont contenus dans notre vie. Je travaille à créer un vaste espace de rêve élyséen... Un paradis... un Eden... Un simple petit paradis à une chambre pour une âme pour avoir un endroit de paix et de bonheur eternel. Je me guide avec mon cœur et les étoiles.

SM : Le surréalisme est-il l’exutoire d’un quotidien d’une vie qui n’est pas de rêve ?
RC : Tout a commencé quand j'avais 7 ans et que j'ai eu un livre de Dali, je n'avais jamais rien vu de pareil mais son œuvre me rappelait quelque chose. Même à 7 ans, je savais qu'il y avait cet endroit... Cet endroit distant et familier, mais étrange. J'ai pris l'habitude de dormir avec ce livre sous mon oreiller. Avec un peu de recul peut être que ce n'était pas une bonne idée !

SM : Comment se déroule votre travail de recherche ?
RC : J'ai des milliers de dessins datant des 40 dernières années, à la publication de mon livre l'éditeur voulait que j'insère mes études et mes dessins pour que les gens voient comment je travaille. Je n'avais jamais pensé faire une exposition de mon travail mais comme une petite portion était dans le livre, j'ai pensé en montrer un peu. Je ne sais pas quand j'ai pris cette direction mais je pense que cela fait plus de dix ans. J’étais surpris de l'intérêt que l’on porte à ce qui n'est pour moi que l'évolution de mon travail mais les dessins d’études sont très appréciées. Les gens pensaient que je travaillais différemment mais c'est comme cela que l’évolution se fait. Au début bien sur le travail est plus vague et flou mais au fur et a mesure qu'il progresse cela devient plus précis. Beaucoup d'études qui sont dans l'expo ne seront jamais des pièces finies, j'en ai déjà beaucoup qui s'accumule. C'était une façon très agréable de trouver une place pour ce travail et cela m'a aidé à me détacher de ces pièces quand je sentais qu'elles étaient finies. Parfois, en me dirigeant vers le futur, j'ai l'impression que je fonce vers le passé tout en trébuchant vers le futur..Je pense que pas mal de personnes ont ce sentiment...

SM : Est- ce que la musique est importante pour vous ?
RC : J' écoute tout ce qui stimule mes émotions et qui m'encourage, qui me donne un coup de pied aux fesses en me disant : lève-toi et continue le combat..continue, il y a encore du temps, encore du temps... " Parfois, c'est quelque chose de doux comme Eric Satie ou encore Duffy, en ce moment, j'écoute un groupe parisien appelé "The Konki Duet" C'est la chanson qui est actuellement sur ma page My space.

SM : On sent beaucoup de mise en scène pouvez-vous en parler ?
RC : L'arrière du décor est aussi important que le personnage et je passe beaucoup de temps à chercher dans ma mémoire une impression fugitive pour quelque chose qu'il m'arrive de ressentir. Ce n'est pas juste ce qu'on peut voir qui compte, c'est plus ce qui est caché à l'intérieur... Dans ce tiroir fermé ou dans cette boite ou dans ce pendentif.
J'adore l'idée des trésors à l'intérieur des trésors et tout le monde n'a pas à savoir ce qu'il y a dedans. Juste que quelque chose de très spécial est dedans..vraiment dedans. Je suis pareil dans la vie. Il ne me suffit pas de savoir qu'une pièce est bien rangée. je dois m'assurer que le placard aussi est bien rangé sinon je ne peux pas me relaxer.

SM : Existe-t-il une forme de nostalgie dans votre travail ?
RC : Je vois mes personnages comme des gens calmes... Je les vois sans peur, avec une connaissance intrinsèque et même de l'humour. Je pense qu'ils sont heureux et qu'ils nous encouragent à les voir comme ils sont!! Sans hésiter, les voir en excluant nos propres peurs. Là ou certains perçoivent de la solitude, voir du calme et de la sérénité.
Là ou certains voient de la douleur et de la peine, je vois des expériences uniques passées par l'épreuve du feu et un appel au dépassement de soi au partage de cette douleur. L’aptitude à embrassé cette différence et de ne pas en avoir peur. Comme un paradis de mon propre cru pour les esprits défraichis résidants dans les recoins cachés de ma mémoire. Peut être que dans ce paradis, ce n'est pas ce que nous voyons, mais comment nous décidons de voir.

SM : Qu’est-ce qui vous fascine ?
RC : La bonté. Voir les gens de tous les jours émus par l'injustice et avoir de la compassion. Les voir réagir et défendre des valeurs pour les bonnes raisons. Voir ces gens créer de l'espoir à partir de rien d'autre mais leur propres choix, leurs efforts et leur volonté. Voir les gens se rallier. J'aimerais encourager ces gens qui se battent tous les jours de créer ce qu'ils aiment. Leur dire que leur créativité est importante et qu'un jour cela fera de ce monde un Eden.

SM : Je trouve que l’utilisation du numérique apporte une sensation de propreté poussive, quelques mots pour me convaincre…
RC : Que ce soit sur on ordinateur ou les murs d'une cave, la réalisation d'images est une forme de communication qui permet à l'artiste d'exprimer son amour, son sens de la beauté, de la passion ou de la rage. Je suis fier de venir d'une longue tradition de faiseurs d'images.



Interview de Sabine Morandini - Traduction Carole Denis
PHOTOS

Ray Caesar - Solo Show



VIDEO

Ray Caesar - Solo Show

Report Sabine Morandini

Galerie Magda Danysz - Paris



INFOS

Galerie Magda Danysz

78, rue Amelot

Paris 11



www.raycaesar.com
www.magda-gallery.com