The New Brutalists
L’exposition présente “Erewhon”, une installation vidéo sur cinq écrans, et de nouvelles œuvres photographiques. Pour la première fois, les sœurs Wilson étudient l’aspect social de la “dystopie”, la face cachée de leur exploration d’espaces architecturaux abandonnés et “brutaliste”.
À la suite d’un engagement de deux mois auprès de la Sofa Gallery et de l’Université de Canterbury à Christchurch, Nouvelle-Zélande, Jane & Louise Wilson ont créé une narration visuelle troublante des aspects les plus sombres du colonialisme du début du vingtième siècle. “Erewhon”, une installation vidéo sur 5 écrans, tient son nom du titre d’un roman satirique de Samuel Butler au sujet d’un jeune voyageur en partance pour la Nouvelle-Zélande en vue de se construire une nouvelle vie sur ce lointain continent. Les Wilson ont étudié le vaste paysage néo-zélandais, s’attardant tout particulièrement sur deux sites de South Island – la ville minière de Denniston sur la côte ouest, autrefois en opération, et le sanatorium de l’hôpital Queen Mary à Hamner sur la côte est, récemment désaffecté. Après la Première guerre mondiale, le pays fut frappé par des pertes colossales d’hommes dans la fleur de l’âge, qui se sont soldées par un besoin pressant de repeupler et de coloniser cette contrée encore relativement peu développée. Cette situation provoqua une discrète mise en œuvre gouvernementale de politiques eugéniques précoces, déclenchant la propagation de sanatoriums et d’asiles étatisés. La science médicale se pencha sur des patients, volontaires ou non, afin d’engendrer une population saine et génétiquement supérieure. Pour leur installation vidéo “Erewhon”,, les Wilson ont filmé des femmes gymnastes dans un décor inspiré de photos d’archives de classes de gymnastique féminine des années 1900. Elles ont créé des images émouvantes, vibrantes de poses statiques exacerbées qui rappellent les limites des débuts de la photographie. À cette époque, l’inquiétude liée aux problèmes de la procréation était à son comble et le corps médical mettait en équation la bonne santé physique des femmes et la régénération de la population. Les images des Wilson perpétuent une anthologie de poses dans un décor géométrique, l’extirpant d’un document enregistré pour lui donner valeur d’abstraction. Le film est projeté sur des écrans qui entourent le spectateur de plusieurs côtés, y compris une projection des images au-dessus de la tête, qui nous rapproche de l’expérience cinématique de l’œuvre des sœurs Wilson. Il est significatif que, par le biais de leur œuvre, Jane et Louise Wilson produisent de belles images saisissantes abordant des thèmes provocateurs prêtant à réflexion.
Jane & Louise Wilson
"The new Brutalists"
Lisson Galerie
52-54 Bell Street
London, NW1 5DA
T: + 44(0)20 7724 2739