Jean Baptiste Grenouille né en 1783, sous un étalage de poissonnier d’un marché situé sur le Cimetière des Innocents à Paris. Malgré son arrivé dans un monde particulièrement puant, il est caractérisé par son absence d’odeur personnelle, qui reflète sa nature à la fois « géniale et abominable », son cœur noir et froid dépourvu de tout sentiment et de chaleur humaine.
Il est cependant doté de l’odorat le plus fabuleux qui n'ait jamais été décrit dans un livre. Son seul plaisir, et son unique lien avec la société lui sont donc procurés par son nez.
Grenouille grandit et se rend vite à l’évidence que les hommes ne l’aime pas et qu’il n’aime pas les hommes non plus. La plupart des personnes qu’il va connaitre, à commencer par sa propre mère, son maitre tanneur Grimal ou Baldini le parfumeur pompeux et sans talent, vont l’exploiter sans remords, ce qui les conduira d’ailleurs vers une fin misérable mais méritée. Mais Grenouille s’accroche à la vie et survit, telle une ignoble tique, à la maladie, la faim, la solitude, dans le seul but d’accomplir son sinistre destin. Car il a un objectif dans la vie : créer les parfums les plus délicieux et exquis du monde. Après avoir succombé au parfum d’une délicate jeune fille rousse, il va suivre un dur apprentissage jusqu’à maitriser les techniques lui permettant de capturer l’odeur d’êtres vivants.
La découverte de son absence d’odeur propre le perturbe à un tel point qu’il va dédier le restant de son existence à la création du parfum ultime, le sien.
Grenouille découvre alors une magnifique et terrible vérité: « qui maîtrise les odeurs maîtrise le cœur des hommes ». En combinant le parfum de belles jeunes filles vierges assassinées, Grenouille réussira à créer le Parfum qui inspire l’amour.

Comment ce livre est-il devenu une référence littéraire culte, repris par exemple dans le Scentless Apprentice de Nirvana ? Tout d’abord ce roman captivant éveille notre curiosité morbide ; Grenouille est-il condamné à rester un être abject ou sera-t-il sauvé ?
L’approche « sensorielle » du monde olfactif est unique,
les descriptions très imagées des odeurs en tous genres sont d’un réalisme tel que cela en devient parfois déroutant ou dégoutant – un petit côté gore que certains lecteurs apprécient.
Ce livre à trouvé son public chez tous ceux qui ont été fascinés par le style gothique et à la fois drolatique de l’histoire.
L’écriture est magnifique, fluide et efficace, obligeant le lecteur à faire appel à sa mémoire olfactive pour invoquer l’odeur du jasmin, du cuir ou encore d’un vieux fromage.
Mais ce style très littéraire et les descriptions formidables n’empêchent pas un certain suspense, car après tout, c’est bien de l’histoire d’un serial killer médiéval qu’il s’agit. Surtout, le récit des aventures de Grenouille est plein d’humour grinçant; de la reine de France qui pue comme une vieille chèvre à la théorie hilarante du fluidum letale du Marquis de Taillade-Espinasse, le regard que pose Grenouille sur les « humains stupides, puants et érotisés », que nous sommes est tellement surprenant que l’on ne peut qu’en rire.
Pour finir, Patrick Süskind a bouclé la boucle de la quête de Grenouille en donnant à son histoire une fin tragique mais, en quelque sorte, touchante.