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CINEMA
Le Labyrinthe de Pan

De l'autre côté du miroir franquiste 

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Qui a dit que les contes de fées ne s’adressaient qu’aux gamins, aux psychanalystes et aux demeurés ? Le labyrinthe de Pan dément catégoriquement la péremptoire affirmation.

Porté, mûri de longues années par le mexicain Guillermo Del Toro que les Mimic, Blade II, Echine du diable et Hellboy ont sacré « maître de l’horreur », Le labyrinthe de Pan se déroule en Espagne, au moment où la Guerre Civile tire sur sa fin. Il se déroule encore plus précisément encore dans une ferme blottie au fond des bois, lieu annexé par une petite garnison fasciste où arrivent une mère et sa fille, l’une contre l’autre condamnées à vivre auprès du capitaine Vidal, un officier aussi cruel que soigné de sa personne. Dans le rôle, un Sergi Lopez à contre-emploi, rigide, amaigri, d’une paradoxale innocence dans les plus ignobles séances de torture. La beauté du diable en somme. Le véritable monstre du film, c’est lui…

Tandis que sa mère enceinte affiche une craintive docilité envers son nouveau mari, la gamine explore les ruines et, par ce qui pourrait n’être que la seule force de la volonté, y ouvre les portes d’un autre monde, univers souterrain de créatures dantesques et de merveilles, de batracien géant et de fées Clochette plus délurées que l’originale de Peter Pan. Tandis également que son beau-père mène une chasse terrible aux derniers partisans, elle pactise avec un faune, détale devant un démon flasque dont la paume des mains porte les yeux…

A mêler imaginaire et Histoire avec un grand H, Guillermo Del Toro réussit magistralement la fusion, le mélange des genres, sans qu’aucun n’empiète cependant sur l’autre. Tant dans la reconstitution de l’avènement du franquiste que dans la création d’un monde fantastique entre Lovecraft et Lewis Carroll, il se montre habile, sincère, virtuose sans effusion, gothique quand il le faut, d’une saisissante authenticité aux moments opportuns. Esthétiquement guidé tant par son propre instinct que par les maîtres hispaniques de la peinture baroque, le réalisateur n’est pas « seulement » l’architecte d’une mythologie entre réel et surnaturel, mais également un conteur de rêve, un artiste doué de cœur. Et, dans Le labyrinthe de Pan, il est gros comme ça son cœur.



Marc Toullec