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CINEMA
Bug

Les petites bêtes qui montent, qui montent, qui …

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Par l’auteur devenu rare de L’exorciste, de L’exorciste et de Police Fédérale Los Angeles, un électrique huis clos de folie à trois…

A plus de soixante-dix ans, William Friedkin consacre le plus clair de son temps à monter des opéras sur les plus grandes scènes du monde. Entre un « Samson et Dalila » en Israël et « Aria » en Italie, le réalisateur de L’exorciste et de French Connection prend, quelques mois durant, congé de l’art lyrique pour se consacrer au cinéma. Plus précisément à Bug, projet rapidement filmé (trois semaines), dans un décor pratiquement unique, hanté par trois acteurs sur les cinq de la distribution. Budget : 3 millions de dollars. Une broutille à l’échelle hollywoodienne. Logistiquement parlant un petit film donc, huis clos étouffant dans une chambre d’un motel miteux à l’orée d’un désert américain. Et qu’y passe-t-il dans cette chambre minable ? Agnès, une serveuse défraîchie (Ashley Judd, bouffie, grossie, effrayante) y reçoit un vagabond semble-t-il paranoïaque, Michael (Michael Shannon), avant que son ancien compagnon, Jerry (le crooner Harry Connick Jr.), ne se ramène, brutal, toujours prompt à rappeler à son ex le souvenir d’un fils disparu. Entre ces trois-là, la tension monte d’autant plus que la jeune femme entre dans le jeu d’un nouvel amant convaincu qu’à la suite d’expériences militaires de vilaines petites bêtes prolifèrent sous son épiderme… Fous à lier ? Peut-être pas, même si le scénario ne se prononce pas explicitement sur leur cas, préférant l’incertitude à la certitude.

Inspiré d’une pièce de théâtre, Bug ne pourrait être qu’un exercice de style statique et bavard. S’il ne déborde que très rarement du cadre des vingt mètres carré de l’action et se déroule essentiellement à travers de dialogues, le film rebondit sans cesse, aussi insidieusement que violemment, extrémiste dans ce qu’il dit, dans ce qu’il montre. Branché sur du 100.000 volts, toujours à deux doigts d’exploser dans la démence la plus furieuse, il prouve que, bien que septuagénaire, le turbulent cinéaste ne s’est pas assagi, qu’il possède toujours la volonté de déranger, d’explorer les zones les plus sombres de l’âme humaine. Une démarche sans concession. Enfant terrible forever !



Marc Toullec